Il n’est pas, chez Bergson, une théorie esthétique entendue comme développement particulier du beau et de l’art; néanmoins, dans son œuvre, ces thèmes acquièrent un certain poids, s’associant souvent à des questions plus générales, à des points cruciaux de la recherche théorique et méthodologique. Cette idée d’une nouvelle métaphysique, d’un style philosophique en mesure de se réinventer constamment pour appréhender le dynamisme du réel, semble fortement se modeler sur certaines procédures typiques de la création artistique; à cet égard, certains critiques ont souligné l’esthétique de l’intuition bergsonienne, voire l’approche “littéraire” qui caractériserait toute sa perspective. Dans cette contribution, on propose un parcours interprétatif qui mette plutôt l’accent sur le rôle d’exemple assigné à l’art par Bergson, dans le cadre d’une réflexion qui entend recogiter les rapports entre science, philosophie et langage et ébaucher un nouveau modèle de rationalité, et dans le cadre d’une méthode qui, d’après la double suggestion offerte par les pratiques biologique et artistique, sauvegarde non seulement l’individualité des propres sujets, mais active une instance créative au niveau tant conceptuel que linguistique.Lié par une profonde complicité à la stratégie cognitive de l’intelligence, le langage ne dissimule pas seulement pour Bergson l’individualité des choses et des êtres; il cèle aussi l’originalité et la spécificité de nos états d’âme, “la mélodie ininterrompue de notre vie intérieure”. Dans un seul cas l’artifice se brise et l’expression résulte fidèle au dynamisme du réel: en soulevant le voile qui s’interpose entre nous et les choses, entre nous et nous-mêmes, l’art inaugure une façon autre de dire la vie. Tout d’abord, elle écarte “les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionnellement et socialement acceptées”; ensuite, par le truchement de formes et couleurs, de mots et sons, elle nous communique “des choses que le langage n'était pas fait pour exprimer”. Les instruments d’expression demeurent les mêmes, mais c’est leur utilisation qui change: l’art éclaircit par des exemples un usage créatif du langage qui sert de leçon à la philosophie elle-même, lorsque celle-ci se converte en un projet de métaphysique positive ayant pour objectif l’intuition du réel.
Dire la vie: art et création vitale chez Bergson / Contini, Annamaria. - STAMPA. - (2001), pp. 205-217. (Intervento presentato al convegno Henri bergson: esprit et langage tenutosi a Arcavacata, Università della Calabria nel 21-23 aprile 1998).
Dire la vie: art et création vitale chez Bergson
CONTINI, Annamaria
2001
Abstract
Il n’est pas, chez Bergson, une théorie esthétique entendue comme développement particulier du beau et de l’art; néanmoins, dans son œuvre, ces thèmes acquièrent un certain poids, s’associant souvent à des questions plus générales, à des points cruciaux de la recherche théorique et méthodologique. Cette idée d’une nouvelle métaphysique, d’un style philosophique en mesure de se réinventer constamment pour appréhender le dynamisme du réel, semble fortement se modeler sur certaines procédures typiques de la création artistique; à cet égard, certains critiques ont souligné l’esthétique de l’intuition bergsonienne, voire l’approche “littéraire” qui caractériserait toute sa perspective. Dans cette contribution, on propose un parcours interprétatif qui mette plutôt l’accent sur le rôle d’exemple assigné à l’art par Bergson, dans le cadre d’une réflexion qui entend recogiter les rapports entre science, philosophie et langage et ébaucher un nouveau modèle de rationalité, et dans le cadre d’une méthode qui, d’après la double suggestion offerte par les pratiques biologique et artistique, sauvegarde non seulement l’individualité des propres sujets, mais active une instance créative au niveau tant conceptuel que linguistique.Lié par une profonde complicité à la stratégie cognitive de l’intelligence, le langage ne dissimule pas seulement pour Bergson l’individualité des choses et des êtres; il cèle aussi l’originalité et la spécificité de nos états d’âme, “la mélodie ininterrompue de notre vie intérieure”. Dans un seul cas l’artifice se brise et l’expression résulte fidèle au dynamisme du réel: en soulevant le voile qui s’interpose entre nous et les choses, entre nous et nous-mêmes, l’art inaugure une façon autre de dire la vie. Tout d’abord, elle écarte “les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionnellement et socialement acceptées”; ensuite, par le truchement de formes et couleurs, de mots et sons, elle nous communique “des choses que le langage n'était pas fait pour exprimer”. Les instruments d’expression demeurent les mêmes, mais c’est leur utilisation qui change: l’art éclaircit par des exemples un usage créatif du langage qui sert de leçon à la philosophie elle-même, lorsque celle-ci se converte en un projet de métaphysique positive ayant pour objectif l’intuition du réel.Pubblicazioni consigliate
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